Un point de la situation après les livraisons 18 et 19 des Twitter Files...
Et une lueur d'espoir après un curieux repli de l'égrégore
Je viens de réactualiser mon résumé des livraisons des Twitter Files, maintenant augmenté des épisodes 18 et 19.
Grâce à ces révélations essentielles, nous voyons se dégager une trame assez nette qui était assez bien résumée dans l’article de David Samuels mentionné dans mon avant dernier post.
L’ acte I de l’âge des informations operations s’est joué autour des deux guerres du golfe avec un investissement du champ de l’information par le complexe militaro-industriel autour des guerres humanitaires et de la Global War on Terror menées par l’Empire américain.
L’acte second s’est joué sous l’administration Obama, lorsque cette dernière a adopté la thèse que des acteurs non-étatiques jouissaient d’un avantage structurel dans la guerre de l’information. Dans le prolongement du Patriot Act, l’administration Obama s’est mise à rogner toutes les protections constitutionnelles des Américains et à brouiller les frontières entre le domestique et l’international en espionnant non plus seulement des ressortissants étrangers, mais sa propre population, comme l’ont démontré les révélations d’Edward Snowden. Mais il s’agissait encore de programmes de surveillance exécutés par l’Etat américain, d’où l’embarras causé par les révélations de Snowden.
L’acte III, celui du RussiaGate s’est joué autour de l’élection de Donald Trump avec le double pivot vers un espionnage effectué par les géants de la Silicon Valley pour le compte de l’Etat américain et le recours massif à la menace de l’influence étrangère pour espionner massivement et en priorité la population américaine. En effet, dans les derniers mois de l’administration Obama, le gouvernement fédéral et les agences de renseignement se sont dotés de tout un arsenal réglementaire et ont commencé à mettre en place un réseau d’institutions ayant pour objet de mettre à genou la Silicon Valley afin que les géants du Net fassent en toute légalité ce que l’Etat ne peut pas faire. C’est en effet autour de l’élection de Donald Trump qu’ont été créées des institutions comme le Global Engagement Center inauguré par le Executive Order 13721 dans le sillage du Countering Foreign Propaganda and Disinformation Act de 2016, la Foreign Influence Task Force (automne 2017), La Cybersecurity and InFrastructure Security Agency « CISA » (novembre 2018), ou le International Fact Checking Network. L’égrégore washingtonien est d’ailleurs même parvenu à subjuguer Trump, puisqu’il a lui-même promulgué le Cybersecurity and Infrastructure Security Agency Act de 2018, créant la CISA, donnant au Deep State les moyens juridiques permettant de refermer le piège sur lui, et sur nous tous par la même occasion. Comme l’indique le nom des institutions mises en place pendant l’acte III, il s’agissait de grossir le trait de la prétendue influence étrangère, notamment la Russie, en voyant sa patte partout derrière les contestations cristallisées dans l’élection de Trump de l’establishment essentiellement démocrate, mais aussi républicain, et en soutenant de façon assez grossière, mais efficace que les tendances régressives de la population américaine ne peuvent avoir pour origine que la propagande étrangère.
L’entrée dans l’acte IV est clairement située dans les mois précédant l’élection de 2020. A ce moment-là, le gouvernement fédéral et la communauté du renseignement ont vaincu toutes les résistances des grandes plateformes de l’internet et contrôlent complètement l’information qui circule sur les réseaux sociaux. L’affaire du portable d’Hunter Biden, la censure de Trump après les évènements du 6 janvier, l’imposition d’un récit officiel autour du Covid, témoignent de cette victoire totale. Mais très vite, on constate un passage à la vitesse supérieure avec la constitution d’un véritable ministère de la vérité autour de l’Université de Stanford. Avec le Election Integrity Project, puis le Virality Project, se met en effet en place un véritable complexe rassemblant une multitude de contractants du Pentagone, d’ONG et de think tanks puissamment dotés en argent public autour des objectifs de Misinformation, Disinformation et Malinformation. Mobilisant la technologie du machine learning, ce complexe entend non seulement censurer massivement tout contenu qui s’écarterait d’une ligne officielle sur un ensemble de plus en plus vaste de sujets allant de la santé publique aux positionnements stratégiques de l’Empire américain, en passant par l’intégrité des processus électoraux, mais les censurer en temps réel, y compris sur des médias comme les podcasts qui sont des enregistrements de conversations de la vie ordinaire. Derrière cet appareil de censure et de propagande, se dissimule à peine un projet de stérilisation de toutes les conversations courantes en injectant dans celle-ci la lourdeur du récit officiel. C’est dans ce contexte que les révélations des Twitter Files sont particulièrement importantes en révélant au public les acteurs de ce complexe et les imbrications entre ceux-ci. Dans son dernier article Taibbi a raison de décrire les conséquences du rachat de Twitter par Elon Musk comme un retrait d’une des principales plateformes d’un cartel du contrôle de l’information.
Et de fait, l’espoir renait car la CISA a éliminé sans fanfare sa sous-commission « MDM » (Misinformation, Disinformation and Malinformation). Quand avez-vous vu une bureaucratie, surtout dans un des domaines présentés comme archi-prioritaire, suspendre son expansion ? Pour ma part, jamais. D’évidence, il s’agit d’un repli stratégique qui n’augure en rien la fin de l’essor des Disinformation Studies et des nouveaux moyens de propagande, mais force est de constater que la sortie de Twitter du cartel du contrôle de l’information et les révélations des Twitter Files révèlent une faille dans l’armure du complexe. Alors ne boudons pas notre plaisir lorsqu’une bonne nouvelle se présente.
Je serai demain matin l’invité de Clémence Houdiakova dans la matinale de Radio Courtoisie, La Ligne Droite pour parler des Twitter Files.